La COVID-19 marginalise encore plus les personnes en détention dans des pays vulnérables
25th August 2020
La pandémie de la COVID-19 continue de sévir à travers le monde et aucun pays n’est épargné. En Afrique, son impact varie d’un pays à un autre et les pays en situation post-conflit en sont durement éprouvés. C’est le cas de la République centrafricaine, pays en phase de reconstruction et de stabilisation avec la présence de la Mission des Nations Unies (MINUSCA) avec laquelle PRI collabore étroitement.
Cette crise, qui continue de se manifester dans certaines localités du pays sous occupation de groupes armés hostiles au pouvoir central de Bangui et qui poursuivent les exactions sur les populations civiles, a entrainé un effondrement des institutions de l’État à tous les niveaux et accentué le niveau de pauvreté et de vulnérabilité des populations.
Malgré la présence de la MINUSCA, accompagnée d’une forte présence humanitaire, le gouvernement centrafricain, au regard des ressources très limitées pour faire fonctionner l’appareil étatique et répondre aux besoins les plus vitaux de la population notamment en matière d’accès à la santé, rencontre des difficultés sérieuses pour apporter une riposte conséquente à la propagation de la COVID-19 dans le pays. À ce jour, le pays comptait 4’618 personnes contaminées, dont 1’640 guéris et 59 décès.
La stratégie de riposte adoptée par le gouvernement essaie de prendre en compte, dans la mesure du possible le système pénitentiaire au profit duquel très peu de ressources sont allouées et qui, dans ces conditions, met les personnes en détention dans une situation de vulnérabilité encore accrue par rapport à l’ordinaire.
En effet, les prisons centrafricaines, outre leur état de vétusté, n’échappent pas à la surpopulation avec comme résultantes les mauvaises conditions de détention en matière d’hygiène liées à la promiscuité, l’insuffisance de la prise en charge sanitaire. Par ailleurs, très peu d’équipement de protection pour le personnel pénitentiaire existe.
L’essentiel des moyens mobilisés pour la riposte de la COVID-19 dans les prisons provient des partenaires de la Centrafrique qui agissent non seulement en matière de sensibilisation et de formation des différents acteurs du milieu pénitentiaire mais surtout procèdent à des dotations en kits sanitaires, en matériel d’hygiène et de protection au profit des détenus et du personnel pénitentiaire.
Sans cette aide et cette assistance, la situation aurait été désastreuse dans les prisons. À ce jour, il a été enregistré un cas de décès en prison des suites de la covid-19.
PRI, qui intervient depuis 2017 aux côtés du Ministère de la Justice centrafricaine, pour la réforme globale de son système pénitentiaire à travers la mise en œuvre de la stratégie nationale de démilitarisation des prisons de la RCA, a apporté sa contribution aux efforts entrepris pour contenir la propagation de la COVID-19 dans les prisons.
PRI a assuré le renforcement des capacités des membres de la plateforme de la société civile créée sous son impulsion en février 2020 et qui a pour objectif premier l’appui aux réformes du système pénitentiaire en Centrafrique.
Ce renforcement de capacités a consisté à les outiller des connaissances et pratiques nécessaires en relation avec la COVID-19 ainsi que sur les mesures de prévention, afin de leur permettre de conduire des sessions de formation au profit du personnel pénitentiaire servant dans les prisons et d’organiser des séances de sensibilisation au profit des détenus.
Dans ce cadre, deux sessions de formation ont été organisées au profit du personnel pénitentiaire, civil et militaire des prisons de Bangui et deux séances de sensibilisation au profit des détenus de ces mêmes prisons en mai 2020.
Du matériel d’hygiène pour les détenus et du matériel de protection pour le personnel pénitentiaire civil et militaire ont été remis par la plateforme sous financement de PRI à l’issu de ces différentes sessions et séances.
Des activités du genre seront organisées dans les jours à venir dans les localités où les conditions sécuritaires et sanitaires permettront aux membres de la plateforme d’effectuer des voyages internes toujours avec l’appui et l’accompagnement de PRI.
La stratégie de démilitarisation du système pénitentiaire centrafricain contient un pilier consacré au droit à la santé des personnes en détention. La COVID-19 met en lumière des lacunes que nous connaissions, mettent en danger la santé et la vie des personnes en détention et du personnel pénitentiaire.
Ainsi, au-delà de l’appui apporté à l’administration pénitentiaire pour faire face à la COVID-19, PRI entend poursuivre ses efforts aux côtés du Ministère de la Justice centrafricaine en vue de la réforme systémique de l’administration pénitentiaire dont la finalité est l’humanisation des conditions de détention et le respect des droits des personnes détenues.
Comments
Michel Gabriel Ngoo-Djob Litet, 26th Aug 2020 at 00:11
Good job!!! I am impressed by the moving on of this project which I participated in the elaboration through the Corrections Unit of Minusca as international corrections expert.
Patricia Myriam ISIMAT-MIRIN, 18th Sep 2020 at 10:40
Merci à Oscar Ouedraogo pour cet intéressant article. Est-ce que le projet aurait fait une étude similaire sur les femmes détenues? si oui, merci de la partager.
J’étais abonnée au site PRI et brusquement je n’ai plus rien reçu. Patricia Myriam Isimat-Mirin